II marcha rapidement dans la chaleur. Ses pensées s'entremêlaient : les rendez-vous, les soucis professionnels à régler...
Et puis décidément il n'arrivait pas à s'enlever de la tête qu'il avait été mauvais. Un sentiment que quelque chose lui avait échappé. Il était contrarié de se dire qu'il devrait être lassé de ces journées professionnelles où les interventions musclées envers un « cas social » se succédaient.
Cette semaine avait été rude : Après Grenoble en voiture, Mulhouse en avion, la fin de semaine lui réservait le TGV près de chez Mickey. Et une nouvelle fois il était en retard. Engoncé dans son costume, enveloppe appropriée à sa mission du jour, il suait, dégorgeait même. Ouf ! Comme toujours, et une fois encore, il venait in extremis d'attraper son train pour rentrer dans sa région.
Il avait l'habitude de le prendre en fin d'après-midi, dans le cadre d'une mission bien particulière dans le nord de la France, à cette gare impersonnelle, sur ce quai en hivers glacé, en été fournaise.
Ce samedi commençait bien. Soleil et 30 degrés prévus pour l'après midi, sans compter que nous devions laisser nos enfants pour un anniversaire chez des amis. L'opération de délestage terminée, nous voilà, chacun notre carte VéloV à la main, devant un de ces nouveaux totems pour lesquels chaque lyonnais se sent plein d'une sainte dévotion : La borne VéloV. Sans que nous le sachions à ce moment, se mettait en place la tragique épopée…
Dans le Frankenstein de Mary Shelley, le monstre du Dr Frankenstein, à qui il a donné la vie, finit par se soustraire à son maître. Dans cette tragédie, les héros voulant faire le bonheur de ceux qu'ils aiment et admirent provoquent inéluctablement le malheur. Le monstre est donc une créature qui échappe a ses maîtres. C'est évidemment une vision pessimiste de la création. Mais pour certains, Internet participerait aussi de cela.